Le Réseau d’Initiative Publique d'Alsace sera-t-il rentable ?

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Depuis quelques années, la région d’Alsace est l’objet d’un programme d’initiative publique de raccordement au très haut débit. Objectif, doter ses 696 communes d’une infrastructure fibre optique de qualité d’ici avril 2022. Un projet de grande envergure qui, bien qu’avantageux à terme en tout point pour la région, présente néanmoins quelques risques majeurs. Et l’un des principaux est celui de la rentabilité. Un point sensible à gérer aujourd’hui pour Rosace, le délégataire retenu par la Région Alsace pour déployer et exploiter son RIP fibre optique. En effet, le chiffre d’affaires réalisé par Rosace sur ce projet découle principalement de la location du réseau aux opérateurs, et cette dernière est fonction du taux d’abonnements. En gros, l’opération ne sera rentable pour Rosace que si les abonnés adhèrent massivement et « rapidement ». Et c’est là que le bât blesse pour le moment !

"La rentabilité, c'est pour plus tard !"

En effet, sur les 75 000 foyers alsaciens couverts depuis le début des travaux, seuls 11 200 abonnés ont souscrit une offre fibre auprès d’un opérateur à ce jour. Soit un taux de pénétration d’environ 15 %, avec lequel Rosace ne rentre clairement pas encore dans ses coûts. Si l’on en croit les informations relayées par le tabloïd alsacien dna.fr dans un article en date du 27 décembre 2018, l’exploitant aurait indiqué à ses clients que « le seuil de rentabilité-financière de l’opération se situait à 30 % d’abonnés ». Toutefois, il semblerait qu’il faille considérer ce minimum en fonction du contexte. Car chez Rosace, les 15 % actuels sont appréciés comme « une performance », ceci de l’avis même de Benoît Brechon, directeur général de l’opérateur. Ce dernier rappelle que « le projet ne peut être rentable que sur une longue durée » et de fait, le business plan considère une courbe de pénétration qui s’étale sur toute la durée de la DSP, soit 30 ans. En somme, la rentabilité, c’est pour plus tard !

Le nombre d’abonnés devrait augmenter

Mais, l'investissement est-il pour autant sûr ? Face à cette interrogation, les différents acteurs du RIP se veulent résolument optimistes. Selon Jacky Han, directeur TV chez Vialis, « il y a une bonne adhésion des foyers » et la dynamique devrait s’amplifier à l’avenir. Il explique notamment que les besoins en matière de débit vont grandissants avec l’évolution des usages d’internet. Si aujourd’hui le débit offert par le réseau cuivré est suffisant, ce ne sera plus le cas dans quelques années. Les usagers seront donc obligés d’adopter la fibre optique. La question serait donc plutôt celle du temps de transition. « La migration des clients du réseau cuivre vers le nouveau réseau de fibre optique prendra du temps, et c’est complètement normal », a déclaré Benoît Brechon sur la question. Et de l’avis général, l’une des solutions pour accélérer cette transition serait qu’Orange arrête son réseau cuivre.

Du retard dans le déploiement

En attendant tout cela, il faut poursuivre le déploiement sur le terrain. Et là également, Rosace semble avoir quelques difficultés pour dérouler normalement son calendrier. L’opérateur affiche notamment du retard quant au déploiement dans certaines zones, au point de mécontenter abonnés et autorités locales de ces territoires. Pour autant, ces retards seraient en grande partie (95 %) dus à des « aléas techniques ou administratifs », explique Franck Siegrist, le chef du service aménagements et usages numériques de la région Grand Est. Les 5 % restants étant imputables à une mauvaise organisation de Rosace ou plutôt des défaillances du côté de ses sous-traitants. Selon les termes du contrat de Délégation de Service Public (DSP), l’opérateur doit achever le raccordement des 129 communes prioritaires (où les débits actuels sont les plus faibles) avant avril 2019, puis couvrir tout le territoire alsacien d’ici avril 2022.
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