Tensions autour de la fibre noire en Savoie

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En Savoie, le paysage du THD pro connaît des remous entre ses principaux acteurs. À l’origine des tensions, les nouvelles conditions de commercialisation du réseau de fibre noire (fibre non activée), Fibréa, racheté il y a quelque temps par l’opérateur d’infrastructures Covage. En effet, ce dernier entend opérer une « révision des conditions opérationnelles et commerciales » de l’infrastructure. Un changement que goûtent peu les principaux clients de Fibréa, notamment les opérateurs locaux du segment Entreprises et collectivités. Réunis au sein de l’AOTA (Association des Opérateurs Télécom Alternatifs), ils dénoncent le nouveau modèle économique promu par Covage, l’estimant en totale inadéquation avec le modèle des opérateurs de proximité.

Une nouvelle formule facturée à la distance

Pour bien comprendre les raisons de cette fronde, il convient de se rappeler le schéma qui prévalait avant la prise de contrôle par Covage. Le réseau de fibre noire était alors la propriété de l’opérateur local Fibréa, filiale de la société d’économie mixte Soréa. Et en son temps, la politique tarifaire de Fibréa consistait à commercialiser la fibre noire au même tarif qu’une offre activée. Une pratique avantageuse pour les FAIS locaux qui pouvaient ainsi louer à prix bon marché une fibre « vierge » leur permettant de déployer beaucoup plus de services innovants qu’avec une fibre activée. Mais pour Covage, la chose n’est pas viable. Interviewé par DegroupNews sur la question, Blandine Dalond-Virondaud, directrice commerciale et marketing de l’opérateur a notamment déclaré qu’il s’agissait « d’une offre un peu particulière, et qui ne peut être gardée ». Pour cause, elle n’est pas en phase avec les grilles tarifaires de l’opérateur, mais surtout « elle ne correspond pas à une réalité du marché », explique-t-elle. Partant de ce constat, l’opérateur veut remplacer la précédente offre de fibre noire par une nouvelle formule. Elle sera facturée à la distance et permettra « aux opérateurs qui souhaitent activer les services de le faire aux conditions du marché, à des tarifs tout à fait normaux ».

Soutenir la compétitivité des FAI locaux

Si la nouvelle offre est « tout à fait conforme » aux standards des RIP, l’AOTA regrette tout de même qu’elle vienne remplacer la précédente. Selon l’association, les deux formules peuvent cohabiter. Son président David Marciano explique notamment qu’il est « tout à fait possible de maintenir une offre très attractive de fibre noire », faisant un parallèle avec l’existence d’offres forfaitaires indépendantes de la distance sur le réseau de la RATP, pour justifier sa position. Autre argument de poids avancé par M. Marciano, le booster que constituerait une offre passive pour la compétitivité des adhérents de l’AOTA. Il rappelle notamment qu’une offre passive sur la fibre noire permettrait aux opérateurs de proximité de déployer des services innovants pour les usagers et ainsi se différencier des autres.

L'ARCEP sollicité pour une médiation

Outre le principe même de la nouvelle stratégie commerciale, l’AOTA critique la forme d’exécution, estimant que les nouvelles règles ont été mise en place « unilatéralement » et « sans préavis raisonnables ». Ce qui va jusqu’à remettre en cause des commandes, « cruciales pour la saison hivernale », déjà passée sous les anciennes conditions. Une critique que ne comprend pas Blandine Dalond-Virondaud. Cette dernière assure qu’un point a été réalisé avec les opérateurs afin que toutes les commandes prévues jusqu’à fin novembre soient réalisées dans le respect des normes passées. N’empêche que le problème de fond demeure. Pour éviter l’impasse, l’AOTA demande à l’ARCEP d’organiser une réunion multilatérale de médiation entre Covage et tous ses clients rencontrant des « difficultés opérationnelles » sur ses RIP. Pour l’heure, le régulateur dit rester « dans l’observation » à propos de ce dossier.    
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